Tunis — La célèbre blogueuse tunisienne Lina Ben Mhenni, à la pointe du soulèvement ayant permis la chute du régime Ben Ali en 2011, « est décédée lundi à l’âge de 36 ans des suites d’une longue maladie, » a-t-on appris auprès de son entourage, rapporte l’agence France Presse.
Décès, à 36 ans, de la blogueuse et militante #Lina Ben Mhenni une figure de la révolution en #Tunisie https://t.co/SfEXnR3YPt #AFP @fethibelaid3 pic.twitter.com/Qv5wvvc5vg
— Guillaume Klein (@Guilhem_Klein) January 27, 2020
L’Ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie, Patrice Bergamini, a rendu hommage sur Twitter, à la jeune activiste tunisienne disparue aujourd’hui : « J’avais eu le privilège d’échanger avec elle à plusieurs reprises depuis mon retour en Tunisie. La société civile tunisienne perd l’une de ses sources de lumière. Mais la voix de Lina continuera de porter en Tunisie et au-delà. J’en suis sûr.»
🇹🇳 Lina Ben Mhenni n'est plus. J'avais eu le privilège d'échanger avec elle à plusieurs reprises depuis mon retour en #Tunisie. La société civile tunisienne perd l'une de ses sources de lumière. Mais la voix de Lina continuera de porter en #Tunisie et au-delà. J'en suis sûr. https://t.co/sQtczBilgM pic.twitter.com/7BKWjrbcqV
— Patrice Bergamini (@PBergaminiEU) January 27, 2020
Lina Ben Mhenni est une activiste cyber-dissidente, blogueuse et journaliste tunisienne. Elle est par ailleurs assistante d’anglais à l’université de Tunis. Alors que son blog atteint une renommée mondiale pendant la révolution tunisienne de 2011, elle est souvent vue comme « la voix de la révolte tunisienne » bien qu’elle indique parler uniquement en son nom.
En mai 2011, elle est appelée à rejoindre les participants du « Oslo Freedom Forum » (en). Elle annonce également participer à l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication mais y renonce le 27 mai, déçue par le manque de volonté de changement. En septembre, elle participe à un symposium de l’Ars Electronica sur le rôle sociétal des réseaux sociaux.
Tunisie. La blogueuse Lina Ben Mhenni, figure du printemps arabe, est morte à 36 ans https://t.co/Ucu7ibmEWP
— Ouest-France (@OuestFrance) January 27, 2020
À la suite de sa greffe de rein en 2007, elle prend part la même année ainsi qu’en 2009 aux Jeux mondiaux des transplantés, respectivement en Thaïlande et en Australie ; elle y remporte une médaille d’argent en marche athlétique. Lina Ben Mhenni est investie dans Be Tounsi, un collectif dont la mission est la promotion de l’artisanat made in Tunisia. Elle est également impliquée dans les campagnes Manich Msamah et Hasebhom.
En 2017, elle participe à la troisième édition des Mediterranean Dialogues (MED). Elle décède le 27 janvier 2020, à l’âge de 36 ans, des suites d’une maladie chronique. En 2011, elle publie chez Indigène éditions un livre, Tunisian Girl, blogueuse pour un printemps arabe, où elle décrit son rôle de blogueuse indépendante et de manifestante, avant et pendant la révolution. Une traduction allemande, Vernetzt Euch!, paraît la même année chez Ullstein-Verlag.
Elle y appelle les utilisateurs d’Internet et des réseaux sociaux comme Facebook, dont l’audience s’est accrue en Tunisie, à les utiliser comme un moyen de mobilisation en faveur d’une « démocratie directe et populaire » et contre des formes répressives de gouvernement. L’ouvrage est inspiré par l’essai Indignez-vous ! de Stéphane Hessel.
Récompense
Son blog « A Tunisian Girl » reçoit le prix du meilleur blog 2011 dans le cadre du concours international The BOBs organisé par la Deutsche Welle. Kristian Berg Harpviken, directeur du Peace Research Institute Oslo (en), indique avant l’attribution du prix Nobel de la paix 2011 que Lina Ben Mhenni, en tant que représentante du printemps arabe, pouvait figurer parmi les lauréats, sur une liste aux côtés des Égyptiens Wael Ghonim et Israa Abdel Fattah. La distinction est finalement décernée le 7 octobre à Ellen Johnson Sirleaf, Leymah Gbowee et Tawakkol Karman.