Paris, (Reuters) – Christophe Castaner a annoncé lundi l’abandon de la technique controversée d’interpellation « par étranglement », un renforcement de l’usage des caméras piétons portées par les agents et un rappel du cadre des contrôles d’identité face aux accusations de violences visant la police française.
Dès lors qu’il est établi qu’il y a eu des actes ou des propos racistes ou discriminatoires de la part d’un policier ou d’un gendarme, je veux qu’une mesure conservatoire de suspension soit systématiquement envisagée sans attendre les conclusions de l’enquête administrative. pic.twitter.com/zXKcXaL3Xk
— Christophe Castaner (@CCastaner) June 9, 2020
Tout en assurant que la police n’est pas une « institution raciste », le ministre de l’Intérieur a admis l’existence de « brebis galeuses » aux « déviances infectes » et a prôné la suspension automatique de tout agent soupçonné de racisme ainsi qu’une sensibilisation continue des membres des forces de l’ordre à ces questions.
Des manifestations ont été organisées samedi dans plusieurs villes de France pour dénoncer des brutalités policières dans le sillage du mouvement aux États-Unis relancé par la mort de George Floyd, un Afro-Américain décédé après avoir été plaqué au sol, un genou d’un policier sur son cou, pendant près de neuf minutes.
Les conditions de la mort de George Floyd ont rappelé à leurs proches la façon dont Adama Traoré ou Cédric Chouviat sont décédés en France. « La police française, ce n’est pas la police américaine », a cependant affirmé Christophe Castaner, mais « personne ne doit risquer sa vie lors d’une interpellation ».
« La méthode de la prise par le cou, dite de l’étranglement, sera abandonnée et ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie », a-t-il ajouté. « Par ailleurs, si un policier ou un gendarme doit maintenir quelqu’un au sol lors de son interpellation, il sera désormais interdit de s’appuyer sur sa nuque ou son cou. »
La police et la gendarmerie ne sont pas des institutions racistes : je refuse qu'on laisse penser cela en instrumentalisant des actes individuels et isolés, qui sont condamnables et qui doivent être condamnés. pic.twitter.com/o7SO5VjopY
— Christophe Castaner (@CCastaner) June 9, 2020
Réfutant l’idée selon laquelle les policiers mis en cause dans des incidents n’étaient jamais sanctionnés, le ministre de l’Intérieur a néanmoins annoncé « une réforme en profondeur » des différents services d’inspection pour garantir davantage d’indépendance.
Les critiques contre la police française ont été accentuées ces derniers jours par la révélation d’échanges à caractère raciste entre agents sur des groupes de réseaux sociaux.
« À l’intérieur de ces groupes, j’ai vu des propos qui sont totalement scandaleux (…) et leurs auteurs doivent être sanctionnés », a dit Christophe Castaner, en promettant une « tolérance zéro contre le racisme ».
« J’ai demandé qu’une suspension soit automatiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d’acte ou de propos raciste », a déclaré le ministre de l’Intérieur. « Je refuse de dire que l’institution est raciste mais oui il y a des policiers racistes. »
En début de soirée, Matignon a annoncé que le Premier ministre, Edouard Philippe, accompagné de Christophe Castaner et du ministre chargé de la Ville et du logement, Julien Denormandie, se rendrait mardi matin à Evry, dans l’Essonne, « à la rencontre des policiers présents au quotidien dans les quartiers ».
« Il fera le point sur les dispositifs de prévention et de renforcement du lien entre la police et la population mis en place par la direction départementale de la sécurité publique de l’Essonne », précise le service de presse du chef du gouvernement.
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie l’an dernier de près de 1.500 enquêtes judiciaires – un chiffre sans précédent – dont plus de la moitié portaient sur « l’usage de la force » par des policiers, selon le rapport annuel de la « police des polices. »
Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot et Henri-Pierre André