Marseille, — Le ministère public de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, a demandé aujourd’hui aux juges d’émettre un avis favorable à la demande d’extradition de Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l’ex-président, Ben Ali.
Belhassen Trabelsi a été condamné par contumace dans divers affaires pour abus de pouvoir et blanchiment d’argent. L’audience a été reportée au 18 juillet prochain devant la même juridiction.
Le frère de l’ancienne première dame en Tunisie, Leila Trabelsi, dit qu’il craignait d’être soumis à « des mauvais traitements et même à la torture » s’il était extradé vers la Tunisie.
« Pour moi, la question est claire, l’extradition signifie la mort pour moi », a-t-il déclaré au tribunal. « Je ne serai pas plus chanceux que mes frères. » Il a expliqué que trois de ses frères sont morts en prison entre 2011 et 2020, dans « des conditions épouvantables. »
Trabelsi, 57 ans, a été arrêté en France en mars de l’année dernière et accusé de « blanchiment d’argent au sein d’un groupe du crime organisé, en utilisant des moyens illégaux pour obtenir des gains personnels et de la complicité dans de faux documents administratifs ». Une enquête est toujours en cours.
Le frère aîné de la deuxième épouse de Ben Ali a été accusé par les Tunisiens de faire fortune en abusant des ressources économiques du pays, en établissant des relations étroites avec des personnalités puissantes jusqu’à l’effondrement du régime en 2011. Il a fui la Tunisie pour le Canada au cours de l’année 2011 révolution populaire, mais est parti en 2016 après que les autorités à Ottawa ont refusé de lui accorder l’asile.
Après son arrestation en France, la Tunisie a demandé son extradition pour purger trois peines de prison pour un total de 33 ans. Après avoir évoqué la «convention juridique » entre la France et la Tunisie, le procureur général Serge Bukovis a demandé au tribunal de rendre un avis favorable à son extradition.
« Comme pour chaque verdict déjà rendu, l’État tunisien confirme que Trabelsi peut et doit être rejugé sur les faits pour lesquels il a été condamné par contumace. »
L’avocat de Trabelsi, Marcel Ceccaldi , a condamné ce qu’il considérait comme du «harcèlement judiciaire» contre la famille Trabelsi. «Il y a de sérieuses raisons de craindre qu’il ne soit soumis à des mauvais traitements.» Belhassen Trabelsi lui-même a affirmé que «mon seul crime est que je suis membre de la famille de Ben Ali».
Condamné en septembre 2011 par contumace à quinze ans de prison pour exportation de devises et de dinars tunisiens ainsi que d’importantes quantités de métal précieux sans autorisation de la BCT. Le 7 décembre, il est condamné à un an et neuf mois de prison et à une amende de 15 500 dinars pour détention de pièces archéologiques dans sa maison de La Soukra.
En 2014, il se dit « disposé à comparaître devant la justice tunisienne dans le cadre d’un procès équitable. » En décembre, la Suisse refuse de lui débloquer quelque quarante millions d’euros qui auraient été acquis de manière illégale.
En février 2015, dans le cadre des révélations SwissLeaks, on apprend que Belhassen Trabelsi possédait un compte à la HSBC Private Bank avec, entre 2006 et 2007, un solde de 22 083 648 de dollars.
En mai 2016, un juge canadien rejette une demande de sursis du renvoi de Trabelsi, initialement prévu pour le 31 mai, mais l’Agence des services frontaliers Canadienne constate sa disparition. Il n’a d’ailleurs pas collaboré aux préparatifs de renvoi et ne s’est pas présenté au rendez-vous fixé par l’agence ; son épouse avait quant à elle obtenu avec ses quatre enfants l’asile politique au Canada.
Le 13 mars 2019, il est arrêté par les autorités françaises à Marseille et son extradition réclamée par la Tunisie.