Rome — Alors que le nombre de migrants débarquant sur les côtes italiennes cette année dépasse les 100.000, le ministre italien des Affaires étrangères évoque les causes et appelle à mettre en œuvre l’accord UE-Tunisie pour débloquer les financements.
Mesurer les flux migratoires croissants. À la mi-août, les données du ministère italien de l’Intérieur montraient que plus de 100 000 migrants avaient débarqué sur les côtes italiennes cette année. C’est plus de deux fois par rapport à la même période en 2022 et plus de trois fois plus qu’en 2021.
Le contrôle de l’immigration est une priorité pour le gouvernement italien, qui surveille de près les chiffres tout en s’efforçant de rendre ses contre-mesures plus efficaces.
C’est plus grand que l’Italie… Selon le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, « le problème de l’immigration clandestine n’est pas seulement italien », et il est lié aux crises déjà existantes, ainsi qu’à de nouvelles, comme il l’a expliqué dans une interview au Corriere della Sera . .
D’une part, la migration le long de la route des Balkans est toujours en cours, a-t-il expliqué. D’un autre côté, « la pression du continent africain est énorme, notamment en raison de la crise alimentaire ».
Il a ensuite souligné l’instabilité persistante en Afghanistan, au Pakistan, au Soudan, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Burkina Faso et le plus récent : le Niger, qui était « déterminé à contenir l’exode » avant le coup d’État… mais l’Italie a besoin d’un coup de main européen.
« L’Italie tout entière porte un fardeau qui devrait être [partagé par] l’ensemble de l’Europe, et nous travaillons dans ce sens au sein de l’UE », a poursuivi M. Tajani, notant que le gouvernement avait l’intention de dévoiler « des mécanismes plus stricts et plus efficaces pour le rapatriement de ceux qui n’ont pas le droit d’être reçus. Nous le ferons très bientôt.
Le gouvernement a indiqué qu’il travaillait sur un nouvel ensemble de mesures de sécurité qui devrait être prêt d’ici septembre.
La Tunisie est de loin le plus grand pays de départ des migrants irréguliers débarquant sur les côtes italiennes. Tunis « fait ce qu’elle peut » dans ses patrouilles, a expliqué le ministre Tajani, mais elle est confrontée à « deux énormes problèmes » : de faux bateaux de pêche exploités par des trafiquants, ou passeurs, partis de Libye et chargeant des personnes à Sfax, et la « rareté des moyens » à Sfax à la disposition des autorités tunisiennes.
C’est pourquoi M. Tajani espère une mise en œuvre rapide du protocole d’accord UE-Tunisie, dirigé par le Premier ministre italien Giorgia Meloni et négocié en juillet , qui prévoit plus de 100 millions d’euros de fonds pour contrer les départs.
« Grâce à ces fonds, nous pouvons leur fournir des patrouilleurs en cours de rénovation, tout comme [l’Italie] peut leur fournir la Guardia di Finanza (police douanière et financière) et la police pour former leurs militaires et leurs forces de l’ordre aux opérations de contrôle et de confinement. »
C’est la stratégie de la marque Meloni. L’essentiel de l’accord UE-Tunisie porte sur la stabilité économique, l’un des facteurs déterminants de la migration. Il prévoit également une aide budgétaire de 150 millions d’euros et la perspective d’un prêt à long terme de 900 millions d’euros. Selon les mots de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, il est conçu pour « investir dans une prospérité partagée ».
Le protocole d’accord s’inscrit dans le même esprit que l’approche plus large du gouvernement Meloni à l’égard des pays africains : tirer parti des investissements englobant les domaines de l’énergie, de l’industrie et de l’éducation comme moyen de stimuler le développement et la stabilité locaux, s’attaquant ainsi aux causes profondes de l’émigration.
Cette approche sera formalisée en octobre, lorsque le gouvernement dévoilera son « Plan Mattei » – qui servira de cadre à ce type de coopération mutuellement avantageuse.
L’Italie a saisi mercredi un navire de sauvetage géré par une ONG allemande. Il s’agit du troisième bateau de bienfaisance mis sous séquestre cette semaine dans le cadre des nouvelles règles strictes en matière de migration introduites par le gouvernement de droite du pays.