Tunis — L’individu faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Selon Corse Matin, les fonctionnaires du service territorial de la police aux frontières de Bastia ont été auditionnés à l’aéroport de Tunis après des soupçons de « violences policières ».
Mercredi 22 novembre, en fin d’après-midi, un tunisien en situation irrégulière se serait opposé aux agents de la PAF (Police des Frontières). Ces derniers étaient responsables de l’escorte de cet homme sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Après un premier vol aérien de Bastia vers Marseille sans encombre, l’homme aurait opposé une résistance et s’en serait pris aux trois agents de police sur le tarmac de l’aéroport de Marseille, au pied de l’avion qui devait le ramener à Tunis. « L’individu se met à se griffer le visage et se jette au sol de façon extrêmement violente, rapporte les policiers.
Ils ont alors utilisé les techniques professionnelles pour le maîtriser, indique le secrétaire départemental et régional Corse Unité SGP Police FO. Le commandant de bord en charge du vol Marseille-Tunis a par la suite accepté de prendre l’escorte complète dans l’avion. Durant le vol, l’individu est resté calme, » rapporte Corse Matin.
Mais à l’aéroport de Tunis-Carthage, les choses ne se passent pas comme prévu pour ces policiers du service territorial de la police aux frontières de Bastia. Une passagère du vol, qui serait une avocate, aurait filmé la scène et a dénoncé le comportement disproportionné des policiers.
« Inquiétant pour les prochaines reconduites à l’étranger »
Les policiers de Tunis auraient alors demandé à l’individu s’il avait été vraiment victime de violences policières. L’homme aurait alors confirmé et les policiers français auraient été retenus sous le régime de la « Garde à Vue, » par leurs homologues tunisiens.
« L’accueil des policiers tunisiens a été inacceptable envers nos collègues qui ont été extrêmement choqués », poursuit le représentant syndical. C’est en ce sens qu’un magistrat tunisien a demandé que les trois policiers insulaires soient auditionnés.
« On leur a retiré leur passeport de service leur permettant de faire ce type d’escorte, précise une source policière. Ils ont été ensuite maintenus, a priori, de la fin d’après-midi jusque très tard dans la nuit pour être auditionnés. L’officier de liaison auprès de l’ambassade de France en Tunisie a été en relation directe avec les policiers sur place, et tout est remonté à Paris, au Quai d’Orsay et au ministère de l’Intérieur. On leur a ensuite remis leur passeport et ils ont pu repartir vers minuit. »
Des faits qui interrogent le secrétaire départemental et régional Corse d’Unité SGP Police FO : « Tout cela reste inquiétant pour les prochaines escortes et reconduites à l’étranger. Quelle sera la prochaine étape pour nos policiers ? La prison ? »
Les trois policiers bastiais sont finalement arrivés en Corse hier, jeudi 23 novembre, en fin de journée. Un sans-papiers soupçonné d’apologie du terrorisme et de violence avec armes
Selon Corse Matin, l’individu en situation irrégulière sur le territoire national qui a été reconduit en Tunisie résidait dans le centre-ville de Bastia, avec trois colocataires. À la suite du signalement fait par un des colocataires pour des présomptions de violences et de propos faisant l’apologie du terrorisme, des policiers se rendent sur les lieux dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 novembre. L’homme est interpellé aux alentours de minuit et demi et placé en garde à vue. Sur place, les forces de l’ordre retrouvent, toujours selon nos informations, un couteau sous son lit et un marteau.
Sur un document consulté par le journal Corse, les trois colocataires accusent l’homme d’avoir tenu des propos extrémistes, notamment sur le mouvement palestinien du Hamas, se réjouissant de ses actions à l’encontre de l’État sioniste d’Israël. Des faits corroborés par le procureur de la République de Bastia, François Thévenot : « Il était effectivement accusé par des colocataires de menaces avec arme et d’apologie du terrorisme. Au terme des investigations, il n’apparaît pas que les infractions ont pu être établies, ce qui a entraîné la levée de sa garde à vue, et le basculement vers une procédure administrative. Il n’était pas connu des services de police et n’avait pas d’antécédents judiciaires. »
Le volet pénal étant abandonné, c’est donc la préfecture de la Haute-Corse qui, au regard de la procédure administrative enclenchée, décide d’expulser le sans-papiers. « L’individu en question a fait l’objet d’un arrêté préfectoral d’obligation de quitter le territoire pour des motifs de troubles à l’ordre public, précisent les services préfectoraux. Cet éloignement a donc été mis en application le plus rapidement possible. «