Tunis — Le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a exprimé, mercredi dans un communiqué, son indignation face à ce geste « populiste » envers les migrants tunisiens en Italie de la part de « l’extrême droite » notamment après l’humiliation d’un migrant tunisien résidant à la ville de Bologne par l’ancien ministre italien de l’intérieur Mattéo Salvini.
#Salvini: Ho fatto bene a fare quella citofonata, non sono affatto pentito, non mi importa se gli spacciatori sono italiani o tunisini. La droga uccide. Chi sceglie la Lega, sceglie la lotta alla droga.
📺#portaaporta @RaiPortaaPorta— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) January 22, 2020
Le FTDES considère que cet acte dans un contexte de « xénophobie grandissante, particulièrement contre les Tunisiens » s’inscrit dans le cadre de la montée de l’hostilité envers les étrangers dans le discours de l’extrême droite italienne dans un contexte purement électoral. Il a, en outre, souligné son soutien à toute initiative judiciaire contre Salvini devant les tribunaux italiens et la cour européenne des droits de l’homme.
Le FTDES souligne aussi qu’il continue de collaborer avec ses partenaires de la société civile italienne afin définir des politiques migratoires basées sur le respect des droits de l’homme. Il a, par ailleurs, appelé les autorités tunisiennes à prendre ses responsabilités dans la défense de la dignité de ses concitoyens notamment dans un contexte marqué par la montée de l’hostilité et de la haine particulièrement en Italie.
Matéo Salvini a autorisé la Rai à organiser un rassemblement solitaire pendant la mi-temps du match Juventus-Roma au milieu de la campagne électorale pour l’Émilie-Romagne. « Jamais aussi bas, à part la liberté et l’autonomie et ils l’appellent service public ». C’est ce qu’a déclaré le secrétaire du Parti démocrate Nicola Zingaretti, parlant de l’anticipation de l’interview de Matteo Salvini sur l’émission politique « Porte a porte », diffusé sur Rai 1.
Une frasque de plus pour Matteo Salvini. L’ancien ministre italien de l’Intérieur s’est fait remarquer mardi soir à l’occasion d’un déplacement à Bologne, dans le nord-est du pays, où il est en campagne pour l’élection régionale de dimanche en Italie. Alors qu’il était entouré de nombreuses caméras, l’homme politique a sonné chez une famille tunisienne pour lui demander si elle revendait de la drogue, rapporte l’Agence France Presse.
« Bonsoir, des habitants nous ont dit une chose désagréable. On nous a dit que c’est de chez vous que part une partie de la drogue qui est revendue dans le quartier. C’est vrai ou faux ? » a demandé le leader souverainiste après avoir sonné à l’interphone indiqué par une résidente du quartier. « C’est un Tunisien ? C’est lequel qui revend de la drogue, le fils, le père ? » a ajouté Salvini autour de lui, alors que son interlocuteur a déjà raccroché.
« Embarrassante conduite »
Cette sortie a provoqué la colère de l’ambassadeur de Tunisie à Rome, qui s’est dit « consterné par la conduite embarrassante » de Matteo Salvini. Il s’agit d’une « provocation sans aucun respect pour une habitation privée », a déclaré l’ambassadeur Moez Sinaoui à l’agence AGI, qui l’interrogeait sur l’attitude et les propos du chef de la Ligue (d’extrême droite) à l’égard d’une famille d’origine tunisienne.
Le diplomate a aussi exprimé sa « consternation pour l’embarrassante conduite d’un sénateur de la République », en l’occurrence M. Salvini, ancien ministre de l’Intérieur, dénonçant le fait qu’une famille tunisienne « a été injustement diffamée ». Exprimant son « indignation » face à ce geste « populiste » dans un contexte de « xénophobie grandissante, particulièrement contre les Tunisiens », le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, importante ONG tunisienne, s’est dit prêt dans un communiqué à apporter « un soutien légal à toute poursuite visant à obtenir justice face aux tribunaux italiens ou la Cour européenne des droits de l’homme ».
Selon des médias italiens, la famille tunisienne s’est déjà adressée à un cabinet d’avocats en vue d’étudier une possible action en justice contre Matteo Salvini. La Ligue espère remporter dimanche une élection régionale cruciale en Émilie-Romagne. Une victoire de l’extrême droite dans ce bastion de la gauche italienne pourrait entraîner la chute du gouvernement formé par le Parti démocrate (gauche) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-establishment) et provoquer des législatives anticipées, ardemment souhaitées par l’ancien ministre de l’Intérieur.
À noter que le FTDES avait réclamé des précisions à l’opinion publique sur le partenariat bilatéral tuniso-italien dans le domaine de la lutte contre la migration irrégulière et ses aspects sécuritaire et militaire estimant que ce partenariat porte atteinte à la souveraineté de l’État et aux droits des migrants. Cet homme fort de la droite italienne. Sans aucune formation ni diplôme, à 39 ans, le populiste Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord, est devenu le principal rival de l’ancien président du Conseil italien Matteo Renzi en 2015.