Paris, — Sale temps pour Tarak Ben Ammar. Les créanciers du producteur franco-tunisien ont saisi ses comptes bancaires en France, un appartement de Val d’Isère, et des œuvres d’art de son domicile parisien, mais pas la maison-elle même, détenue par l’intermédiaire de sociétés domiciliées au Luxembourg et aux Pays-Bas, rapporte le magazine économique Capital.
Info Capital : les créanciers du producteur de cinéma franco-tunisien Tarak ben Ammar font saisir ses oeuvres d'art, ses comptes en banque, son appartement à la montagne… https://t.co/QS2XjbsznT pic.twitter.com/QTErdVR7pK
— Jamal Henni (@jamalhenni) November 10, 2020
Il est rarissime de voir un huissier procéder à une saisie dans l’univers calme et feutré de ce carré huppé du 16ᵉ arrondissement de Paris où les voisins s’appellent Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère ou Alain Afflelou. Mais, ce 12 décembre 2019, un huissier s’y est aventuré pour venir frapper à la porte de Tarak Ben Ammar, rapporte le journal économique.
En 2020, ses comptes en banque, son appartement de Val-d’Isère et des œuvres d’art sont saisis suite à la liquidation de la holding Quinta Industries, durant laquelle des irrégularités ont conduit à la condamnation de Ben Ammar et Quinta Communications à payer 3,5 millions d’euros, somme qui n’a pas été versée après le dépôt de bilan de la société en 2018.
Le producteur franco-tunisien a été poursuivi en 2018 pour « banqueroute » suite à la faillite de la société Quinta Industries spécialisée dans la post production de films. Il a également été condamné à une interdiction de gérer de trois ans.
Le liquidateur de QI Patrick Legras de Grandcourt ne voyant pas venir son argent, a donc envoyé les huissiers saisir les œuvres d’art et les meubles de la demeure de Tarak Ben Ammar, richement décorée dans un style oriental.
La centaine d’objets d’art qui ornent les murs est estimée à 1,8 million d’euros. Il y a quelques années, notre homme exhibait notamment un tableau de Francis Bacon. Fort aimable, l’huissier s’est contenté de procéder à une saisie conservatoire, c’est-à-dire qu’il a recensé le mobilier mais l’a laissé en place.
Furieux, Tarak Ben Ammar a fait appel de cette saisie. Il a argué ne pas être propriétaire ni de la maison, ni du mobilier, qui appartiennent l’un comme l’autre à une holding luxembourgeoise baptisée Hambleton Hall SA. La justice a alors cherché à savoir qui se cachait derrière cette holding.
Cette découverte n’a pas été du goût de la justice. Pour le juge de l’exécution du tribunal judiciaire de Paris, « M. Ben Ammar dissimule la réalité de sa situation patrimoniale. […] M. Ben Ammar est non seulement le bénéficiaire économique de l’ensemble immobilier dans lequel la saisie a été pratiquée, mais aussi le véritable propriétaire des meubles saisis en cause.
Le contrat de bail liant M. Ben Ammar à la société luxembourgeoise Hambleton Hall procède d’un montage patrimonial d’allure frauduleuse, ici utilisé pour tenter de soustraire une partie de ses biens aux poursuites du créancier”.
Dans son jugement, le juge de l’exécution pointe même une « collusion frauduleuse » entre Tarak Ben Ammar et sa holding luxembourgeoise Hambleton Hall, qui « démontre la volonté de M. Ben Ammar » de ne pas payer sa dette.
En juin, il a donc condamné Tarak Ben Ammar à payer une amende de 8.000 euros pour procédure abusive, 1.000 euros de dommages et intérêts, et 7.000 euros de frais de procédure -un jugement dont notre homme a fait appel.