Tunis, — Le parti islamiste Ennahda réclame à l’exécutif 3.000 milliards (environ 1 milliard de dollars US) d’indemnisation pour ses partisans victimes selon elle de l’ancien régime, et cela, avant le 25 juillet, fête de la République.
« Nous demandons au Premier ministre, Hichem Mechichi de commencer la collecte des fonds de compensation avant le 25 juillet », scande le président du Conseil de la Choura, Abdelkrim Harouni devant ses partisans réunis à la Kasbah.
« Quelle espèce d’êtres humains peuvent-ils, au moment où des milliers de compatriotes sont en train de crever, demander pour 3000 milliards de compensations ?, » s’est insurgé Adnane Belhajamor ancien député du mouvement « Projet de la Tunisie » sur son compte Facebook.
« Le comble est que ce sont eux qui ont mis notre pays à genoux et qui continuent de le dépecer, » poursuit Belhajamor.
« Nelson Mandela interrogé sur les raisons qui ont fait qu’il ne voulait pas de compensation matérielle pour le quart de siècle qu’il a passé à casser des pierres dans un bagne, a répondu que prendre une contrepartie de ses années de lutte ferait de lui un mercenaire et non un militant, » a-t-il ajouté.
Abderrazak Kilani, président de la Commission de gestion du Fonds Karama et président de l’Instance générale des résistants, des martyrs et blessés de la révolution et des opérations terroristes, déclare avoir l’espoir de voir une volonté politique plus forte pour parachever le processus de justice transitionnelle en Tunisie.
Abderrazak Kilani avait ajouté, le 7 juin dernier, lors d’une conférence de presse, que le dossier de la justice transitionnelle comporte plusieurs volets dont en particulier l’indemnisation de 29 950 victimes qui ont reçu des décisions de dédommagement.
L’état d’urgence sanitaire décrété dans tout le pays
Le gouvernement a approuvé, jeudi dernier, un projet de loi fondamentale relative à la réglementation de l’état d’urgence sanitaire, au moment où la porte-parole officielle du ministère de la Santé, Nissaf Ben Alaya, a qualifié le système de santé de « effondré ».
« La Tunisie traverse, actuellement, une crise sanitaire sans précédent d’autant plus que le virus est en train de faire des ravages et se propage à une très grande vitesse dans tout le pays, » a-t-elle déclaré.
La propagation du variant Indien Delta est très rapide, a-t-elle ajouté : « le système sanitaire s’est effondré et le corps médical est complètement dépassé. »
Dans une vidéo publiée sur le réseau social Facebook, Yasmina Thabet, médecin à l’hôpital Mongi Slim, a accusé l’exécutif de pratiquer une politique de « Génocide » envers toute la population dans ce contexte de crise sanitaire.
Depuis deux semaines, les hôpitaux tunisiens sont à bout de souffle. En effet, ils connaissent un important afflux de patients durant cette vague de propagation du Covid-19, qui atteint des niveaux inédits. Mardi, la Tunisie a enregistré 9823 cas dont 134 décès en une journée, des chiffres jamais atteints depuis mars 2020.
Au total, le pays a connu 464.914 cas dont 15.735 décès, pour environ 12 millions d’habitants – soit le plus sombre bilan des cinq pays qui composent le Maghreb. Quand la situation paraît maîtrisée à Alger et à Rabat, Tunis traverse une crise sanitaire difficile.
Sur les réseaux sociaux, des images circulent, montrant des patients à même le sol dans des hôpitaux débordés dans la capitale ou dans des régions pauvres, comme Kairouan (centre).
La Tunisie espère obtenir auprès du Fonds monétaire international un prêt de 4 milliards de dollars.
Les discussions devraient durer environ deux mois et un accord devrait aboutir et permettre au pays d’Afrique du Nord d’obtenir le soutien financier dont il dit avoir besoin pour surmonter la crise économique aggravée par les retombées de la pandémie de coronavirus, selon le chef de l’exécutif, Hichem Mechichi.
L’inflation a atteint un niveau record alors que le dinar est en chute libre et que les prix des importations alimentaires s’envolent.
Depuis la révolution qui a conduit à la chute de Zine el Abidine ben Ali en 2011, neuf gouvernements se sont succédés et aucun n’est parvenu à résoudre durablement les problèmes économiques du pays.
Le chômage continue de croître, le niveau de vie de baisser et les revenus tirés du tourisme demeurent fragiles alors que les attaques terroristes ont découragé visiteurs et investisseurs étrangers.
Par Hannachi Issam