Pour commencer, je souhaite un prompt rétablissement à cet élève qui a eu une paralysie faciale.
Dans la logique des personnes qui ont attribué le problème de santé de cet élève au zéro qui lui a été attribué par la Professeure d’Anglais, je rajouterai que ce même zéro a causé un tremblement de terre au Botswana, un ouragan dans le Pacifique, la collision de deux trains à Varsovie et une diarrhée aigüe chez le Roi du Swaziland…
Plus sérieusement, c’est en caressant les enfants dans le sens du poil et en les soutenant systématiquement contre leurs professeurs, qu’on a fait d’eux, de vraies loques à intelligence minimale.
Souvent, ce soutien est causé par une absence totale quant au suivi de la scolarité des enfants, une absence due essentiellement à la grande charge de travail que les parents ont à subir pour ramener de quoi faire vivre leurs gosses.
Je crois que, passé l’école primaire, le traumatisme de la note n’est plus d’actualité et ce n’est pas en donnant 20/20 à un glandeur qu’on fait de lui un champion de la science.
Au lieu de crier au scandale et d’ameuter “El Ens et le Djinn », il faudrait s’enquérir sur les raisons d’une mauvaise note d’abord auprès du gamin et ensuite auprès du professeur s’il le faut.
Combien d’entre nous cherchent-ils à voir les professeurs de ses enfants pour s’assurer que tout va bien (ou mal) pour eux?
Autre chose, certains parents préparent le bâton (image figurée pas loin de la réalité) pour battre leurs gamins en cas de mauvaises notes, il faudrait peut-être qu’ils sachent que c’est ce comportement qui est traumatisant pour leurs gosses!
Mon fils est venu me voir un jour avec son zéro en dictée (il était à l’école primaire) et a tenté de m’expliquer que son zéro est mieux que celui de son copain car ce dernier a fait plus de fautes que lui, je n’en n’ai pas fait un drame et nous nous en rigolons aujourd’hui.
La pédagogie n’est pas de dire aux élèves qu’ils sont les plus beaux et les plus intelligents et de leur donner des notes qu’ils ne méritent pas mais de leur faire prendre consciences (éventuellement par des mauvaises notes) de leur vrai niveau tout en leur expliquant que ce niveau n’est pas figé et qu’ils peuvent se rattraper modulo un peu plus de travail et d’attention.
La compassion aveugle et les explications biscornues de la cancre attitude ne rendent aucun service aux élèves, au contraire ils les confortent dans leur médiocrité et font d’eux des légumes paresseux.
Aimez vos enfants, oui, c’est normal et c’est un devoir, leur donner raison à tort et à travers, c’est ne pas les aimer du tout!
Par Ali Gannoun, professeur à l’Université de Montpellier