Tunis, — « El Marchi » (Le Marché) vient d’ouvrir en lieu et à la place de la scène de crime dans laquelle est mort un jeune de 23 ans en 2019. Fermé depuis, par les autorités, suite à cette affaire d’agression mortelle d’Adam Boulifa, un jeune à la fleur de l’âge venu fêter son anniversaire.
« El Marchi vous accueille tous les jours dans une ambiance cosy et agréable. Rendez-vous au 45 Avenue Mohamed V, Tunis, » lit-on sur leur nouvelle page dédiée sur le réseau social Facebook.
Tout le monde se rappelle la mort du jeune Adam Boulifa, 23 ans, tué et jeté dans une bouche d’ascenseur de ce petit hôtel de ville, après une altercation avec des agents de sécurité, l’affaire avait soulevé l’indignation dans tout le pays, à l’époque.
Les dessous du drame du Madison, une sous-location illicite de l'autorisation de vente des boissons alcoolisées depuis des années.
Rien d'étonnant, le banditisme à tous les niveaux, du rez-de-chaussée aux offices. #AdamBoulifa #Tunisie 🇹🇳— Asma Gisèle (@asmagisele) November 19, 2019
La victime, Adam Boulifa, avait été violemment battu avant de mourir dans des conditions atroces cette soirée de samedi à dimanche, le 17 novembre 2019.
Le gouverneur de la ville de Tunis, Chedly Bouallègue, avait alors ordonné au lendemain des faits, la fermeture définitive de ce bar-discothèque de la capitale.
Plusieurs infractions à la législation constatées
L’autorisation ou la licence de commerce des boissons alcoolisées lui été retirée suite a plusieurs infractions constatées, avait précisé le gouverneur de Tunis dans une intervention à la radio.
Le gérant des lieux, un certain Moez Boudali, sous-louait une autorisation nominative attribuée à une autre personne, ce qui est strictement interdit, avait précisé le gouverneur.
M. Bouallègue avait ajouté que les services de sécurité avaient l’obligation de vérifier périodiquement la validité du permis d’exploitation, ajoutant que des sanctions seront prises à l’encontre des contrevenants.
De nombreux internautes ont dénoncé sur les réseaux sociaux le retard des résultats de l'autopsie du corps d'Adam Boulifa décédé au Madison le jour de son anniversaire dans une bagarre avec les agents de la sécurité. #Adamboulifa #Tunisie #Madison #MondeN https://t.co/Iyftm0zLhe pic.twitter.com/adOBzaDbQw
— Monde News (@mondenewsnet) January 28, 2020
Une vague d’indignation avait frappée les Tunisiens à la suite à cette affaire qui a choquée l’opinion publique. Des personnalités ont aussi appelé les autorités à prendre les mesures les plus strictes contre les auteurs de ce crime atroce.
Meriem Ben Mami, une star de la télévision, avait appelé, dans un post publié sur son compte Facebook, à la poursuite des coupables et à les châtier très sévèrement ainsi que le propriétaire des lieux. Elle avait incité aussi les Tunisiens à boycotter l’établissement.
Sept mandats de dépôt avaient été émis, le lendemain des faits, par un juge d’instruction pour « homicide volontaire, complicité, et formation de consensus dans un but d’agression contre des personnes et des biens », des chefs d’inculpation retenues contre les auteurs des faits impliqués dans cet horrible assassinat.
Des peines de prison entre 06 mois et 01 an avaient été prononcées au début de l’année 2020 contre les auteurs de ce crime.
Du temps de Ben Ali, le « Madison » était fréquenté par les jeunes qui appartiennent aux classes aisées, des professionnels du milieu sportif et des figures médiatiques, mais aussi et surtout par les Trabelsi, les neveux de Kadhafi et tous les parvenus qui ont fait fortune sous le régime novembriste, écrivait un habitué des lieux.
Les frères Boudali qui gèrent La Maison Blanche et Le Madison ont toujours su racoler les puissants de ce pays et ceux qui ont une certaine influence dans les hautes sphères de décisions politiques. Il y a même une chambre qui leur est destinée : whisky et pétasses à foison ! Le Madison accueille aussi les nahdhaouis qui s’adonnent à la « bartoufa » en catimini. Bref, cet endroit a toujours fait office de réceptacle des « turpitudes » de ces gens-là. C’est un lieu où carriéristes noceurs, nouveaux riches et anciens pauvres peuvent satisfaire leurs goûts de débauche luxueuse, poursuit ce client habitué.
De toute façon, Boudali va faire le dos rond pendant quelques mois, le temps que les esprits s’apaisent, ensuite il fera appel à ses amis influents qui n’hésiteront pas à intervenir en sa faveur. D’ici là les Tunisiens seront passés à autre chose, avait prédit ce connaisseur.